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Lettre d’Aout 1999
Aout
dimanche 1er août 1999
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LA LETTRE de AOUT 99
No : 45
Sommaire :
Editorial : Loi du marché ?
Une 2 ème association s ur au Mali
Le rapport du PNUD se penche sur Internet
Licence FCR au Cameroun
France Télécom se renforce en Argentine
Répit supplémentaire pour Iridium
Deuxième licence GSM au Maroc
En bref : Venezuela, Gabon, forum international sur la téléphonie rurale,
Africa One, Alcatel et les câbles sous-marins en d’Afrique
Loi du marché ?
La société Iridium a dépensé 4 milliards de dollars pour satisfaire
quelques dizaine de milliers de clients fortunés (20000 FF le combiné et
de 18 à 50 FF la minute) hypothétiques. Et elle se trouve aujourd’hui au
bord de la faillite faute de les avoir trouvés.
D’autres projets concurrents nécessitant des investissements du même
ordre s’apprêtent à démarrer, comme Globalstar ou ICO. Les spécialistes
commencent à douter de leur viabilité
INMARSAT offrait pourtant un service similaire, mais elle fonctionnait
comme une coopérative d’Etats. On l’a donc privatisée. Mais pour de tels
projets à l’échelle planétaire une véritable coopération ne serait-elle
pas à même d’éviter de tels gâchis. Sans compter la pollution de ces
satellites trop nombreux à être lancés. Leur durée de vie ne dépasse à
peine qu’une dizaine d’année et on ne sait encore trop qu’en faire après.
Pendant ce temps, l’Afrique ne compte que 1,85 lignes par habitant
beaucoup moins si l’on retire l’Afrique du Sud et si l’on s’en tient aux
zones rurales où tout reste à faire. Dans les télécommunications, on
investit 30 dollars par habitant sur la planète, 54 dollars par
américain, 63 dollars par européen et... 4 dollars par africain. Le
marché fait sa loi. Une loi qui prive les pauvres de la planète de
téléphone.
Bruno Jaffré
Une 2 ème association s ur au Mali
Nous venons d’être informés, début août par fax, de la création de
l’AVDPTT (Association des Volontaires pour le Développement des PTT de la
région de Mopti). C’est donc la deuxième association s ur de CSDPTT au
Mali après la naissance il y a quelques mois de l’ADPPTT (Association
pour le Développement et la Promotion des postes et Télécommunications de
Tombouctou).
Les projets à mettre en place en coopération ne manquent pas. Nous avons
été informés aussi de l’isolement du centre de Sévaré (à côté de Mopti)
pendant 5 jours à la suite d’une panne et de la difficulté à réparer
rapidement faute de pièces de rechange. Les adhérents de Toulouse ont
déjà récupéré des pièces permettant de prévenir ce gendre d’incident et
guettent une opportunité pour leur faire parvenir.
Le rapport du PNUD se penche sur Internet
Le rapport annuel sur le développement humain du PNUD (Plan des nations
Unies pour le développement) s’intéresse cette année à Internet. Il le
considère comme aussi indispensable à la vie des humains que l’eau, la
santé et l’instruction. Il en vante ensuite un certain nombre d’aspects
positifs. Ainsi, affirme-t-il par exemple, que pour envoyer un document
de 5 pages de Madagascar en Côte d’Ivoire, par le courrier il faut 5
jours et 75 dollars, par télécopie 45 dollars et 30 minutes, par courrier
électronique deux minutes et moins de 0,2 dollar. Internet permet aussi
un accès à des informations essentielles faisant défaut aux hôpitaux et
aux écoles des pays en développement. Il permet aux PME un accès au
travail en permettant un accès plus facile et moins coûteux aux clients.
Enfin, il favorise le contrôle des personnes sur leur destin notamment
grâce à l’utilisation qu’en font les ONG.
Mais s’il ne se tarit pas d’éloges, c’est pour mieux en dénoncer le
danger de le voir accentuer les écarts entre pays riches et pauvres au
lieu de les réduire. Avec 4,7% de la population mondiale, les pays
développés abritent plus du quart des internautes, tandis que l’Asie du
Sud-Est qui représente le quart de la population mondiale n’en compte que
0,04%. Ainsi certains chercheurs parlent-ils d’un apartheid
technologique.
Ainsi, le PNUD préconise-t-il une intervention publique puisque ce ne
sont pas les grandes entreprises qui ont intérêt à financer des
infrastructures technologiques dans les pays du Sud. Le rapport propose
donc de prélever une taxe à partir des volumes de données transmises. A
titre d’exemple si on prélevait 7 centimes par centaine de messages
transmise, cela aurait rapporté en 1996 à l’échelle mondiale quelque 450
milliards de francs ce qui représente une somme supérieure à ce que
représentait l’aide publique au développement cette année. Une
simulation sur 1999 chiffre l’apport d’une telle taxe à environ le double
de ce qu’elle aurait rapporté en 96.
Licence FCR au Cameroun
Après l’information présentée le mois dernier, voici quelques précisions.
FCR, France Câbles et Radio a payé 104 millions de francs pour
l’acquisition de cette licence. La convention signée entre FCR et le
gouvernement camerounais prévoit la création de la SCM (Société
Camerounaise de Mobile), société anonyme de droit camerounais, filiale à
100% de FCR, elle-même filiale à 100% de France Télécom. FCR s’est par
ailleurs engagé à ouvrir 30% du capital de cette société à des
partenaires camerounais. Le réseau GSM à construire devra couvrir
Yaoundé, Douala et foussam (350 km au nord-ouest de Yaoundé) et à terme
l’ensemble du territoire. La SCM compte employer 200 camerounais d’ici 5
ans et investir 350 millions de FF sur 10 ans, 150 les deux premières
années selon la direction de FCR.
La convention signée prévoit en outre des clauses et des mécanismes de
suivi et de contrôle de ces clauses qui concernent, la qualité de
service, les prix, les relations avec les clients, la couverture du
territoire, les obligations de service universel et l’utilisation
exclusive des fréquences attribuées à des fins de téléphonie.
France Télécom se renforce en Argentine
FT et Télécom Italia ont signé un protocole d’accord avec leurs
partenaires Perez Comane et J.P. Morgan, membres du consortium argentin
Nortel, pour racheter leurs parts de respectivement 25% et 10%.
Les 2 opérateurs européens, qui reprendront à parité et pour 530 M d4US $
ces participations, se partageront à 50% le capital du consortium
actionnaire et à 60 % celui de Telecom Argentina. Le solde est réparti
dans le public pour 30% et détenu par les salariés pour 10%.
Telecom Argentina présent dans le nord du pays et sur une partie de
Buenos Aires exploitait 3,2 M de lignes fin juin. L’opérateur qui dispose
d’un réseau moderne (numérique à 100%) a acquis des licences PCS pour
desservir la capitale et le sud du pays.
Ndlr : France Télécom était entré aux côtés de Telecom Italia au capital
de l’opérateur argentin en 1990 lors des privatisions de l’opérateur
"historique " Entel. Les 2 opérateurs avaient alors été retenus comme
opérateurs stratégiques chargés d’assurer le développement et la
modernisation du réseau téléphonique du nord de l’Argentine
Répit supplémentaire pour Iridium
Iridium LCC, la société opératrice de la constellation de 66 satellites
en orbite basse fournissant de services mobiles de communication et de
radio-messagerie, a indiqué le 15 juillet qu’elle allait invoquer le
délai de grâce de 30 jours lui permettant de retarder le paiement de 90M
d’US $ d’intérêts pour son emprunt obligataire de 1,45 Md d’US $.
Cette période prévue dès l’émission des obligations, donnera à la société
du temps supplémentaire pour poursuivre les discussions avec ses
créanciers et investisseurs sur la restructuration de sa dette.
"Cela prend du temps pour aboutir à un consensus entre les partenaires
pour une restructuration financière" a indiqué M. John Richardson, CEO
d’Iridium.
Ce délai, combiné avec l’extension au 11 août de la facilité bancaire
obtenue donnera un répit à la société pour arriver à dégager une solution
pour sortir de ses difficultés a expliqué M. Richardson. Elle vient par
ailleurs de changer de stratégie en baissant les prix des communications,
des terminaux et de la messagerie téléphonique jusqu’à 65%.
Par ailleurs, selon le Wall Sreet Journal, le groupe Lockheed Martin,
partenaire du réseau avec un 1 % du capital qui fournit les éléments des
satellites a affirmé qu’il n’investirait plus d’argent supplémentaire
dans Iridium
Deuxième licence GSM au Maroc
C’est un consortium dénommé Medi Télécom composé de Téléfonica (30,5%),
Portugal Telecom (30,5%), la Banque marocaine de commerce extérieure
(20%), le groupe Afriquia (11%) et la Caisse des dépôts marocains (8%)
qui a emporté la deuxième licence de mobile, très convoitée, au Maroc au
détriment de France Télécom, Vivendi et 4 autres candidats. Médi Télécom
a réglé le 6 août le 1,08 millions de dollars correspondant au prix de la
licence.
Le cahier des charges impose à l’opérateur de couvrir 40% de la
population marocaine et 2000 km d’axes routiers dès la première année,
75% et 6000 km dans un délai de 5 ans. Le réseau devra être mis en
service en 8 mois, l’investissement devrait atteindre 700 millions de
dollars pendant les 14 ans de la durée de la licence.
On estime que 2000 emplois directs devraient être créés et 3000 emplois
indirects.
En bref
Le Fonds d’investissement créé par l’ancien premier ministre israélien
Shimon Pérès pour soutenir le processus de paix a acquis 3,3% de la
compagnie privée de télécom établie à Naplouse en Cisjordanie. Paltel est
également propriétaire du réseau GSM de téléphones mobiles palestinien
Al-Jawal inauguré fin juin.
Au Venezuela, un conflit oppose actuellement l’opérateur CANTV et le
gouvernement. Ce dernier accuse le premier de ne pas avoir rempli ses
obligations d’investissement et de qualité de services et lui refuse de
faire valoir son droit contractuel d’appliquer une hausse tarifaire
moyenne de 3,4%. CANTC rétorque de son côté avoir doublé le nombre de
lignes depuis 1991, avoir assaini la situation financière et avoir
amélioré la qualité de services obtenant un satisfecit de 90% des
clients.
Deux licences GSM viennent d’être attribuées au Gabon, l’une à un
consortium néerlandais MSICI et l’autre au groupe Télécel International
déjà très présent dans les réseaux cellulaires africains et à Madagascar.
En décembre 99, les deux réseaux doivent couvrir la capitale gabonaise et
les principaux centres urbains dont Port-Gentil, Franceville, Ntoum et
Lambaréné avant d’être étendus à l’ensemble du territoire. MSICI prévoit
d’investir 180MF sur 10 ans, sans sa filiale Celtel Gabon, Telecel Gabon
de son côté 270 MF.
Le forum international sur la téléphonie rurale prévue initialement début
septembre à Cotonou au Bénin est reporté du 2 au 9 décembre.
Le projet Africa One, lancé par l’UIT en 1993 et confié à des opérateurs
privés a été officiellement lancé le 4 juin. Il consiste à installé 36000
km de fibres optiques autour du continent africain pour relier sous l’eau
les différentes capitales africaines de la côte (24 points
d’atterrissement). Les pays non côtiers doivent par ailleurs être reliés
par un réseau de fibres terrestres, des systèmes hertziens ou par
satellite. La société Africa One Ltd est détenue par Columbia
Technologies. La société américaine Lucent Technologies fournira les
équipements et logiciels pour un montant de 250 M d’US$ et la non moins
américaine Global Crossing a été sélectionnée comme gestionnaire du
projet et installateur sous-marin.
Alcatel vient de remporter un contrat de 265 millions de dollars pour un
réseau de câbles sous-marins baptisé SAT-3/Wasc qui reliera plusieurs
pays d’Afrique début 2001. Ce nouveau réseau transatlantique de 14 000 km
comprendra un itinéraire direct entre l’Afrique du Sud, le Ghana, la Côte
d’Ivoire, le Sénégal et le Portugal, ainsi que des accès hauts débits
vers le Bénin, le Nigéria, le Cameroum, le Gabon, et l’Angola. Le contrat
signé par les 10 pays concernés et par des opérateurs comme les
Britanniques BT et Cable & Wireless et les américains Globe et ATT.
Alcatel a été également retenu pour fournir une solution complète de
gestion de réseau intégré entre SAT 3/Wasc et Safe, un projet en cours de
réalisation entre l’Afrique du Sud, le Réunion, l’Ile Maurice, et la
Malaisie.